Beaucoup de travail en ce moment ! Ceci pour expliquer le retard de cette publication...
Je commence le tour de vos univers dans un instant ! Je n'aurai peut-être pas le temps de tout lire ce soir, mais je vous promets de passer partout et d'y laisser un patit mot.
Il était une fois une jolie brunette qui habitait la grande ville. C’était la plus jolie poupée qu’on puisse imaginer. De grands yeux fripons, un petit nez retroussé, de hautes pommettes, le teint mat et lumineux à souhait, et avec ça, roulée comme une star de cinéma ! Elle faisait la joie de sa famille. Toujours de charmante humeur et serviable comme pas une.
Comme l’argent manquait à la maison (c’était la crise…) sa mère qui vivait seule avec trois enfants lui avait tricoté un long pull à capuche rouge pour qu’elle soit à la mode comme ses copines de lycée. Il mettait tant son teint en valeur qu’en cet hiver très froid elle ne le quittait plus. Aussi dans le quartier la surnommait-on Capuche Rouge.
Un jour, sa mère lui dit :
- - " Mamie est souffrante et je n’ai pas le temps de lui rendre visite avec tout le boulot que j’ai ! Veux-tu lui porter ce pot de soupe et cette bouteille de rosé ?
- - Avec plaisir maman !
- - Dépêche-toi et ne traîne pas en route. La nuit tombe tôt à cette saison. Et surtout, ne passe pas par les ruelles, reste sur les grands boulevards et ne parle pas aux inconnus que tu pourrais croiser. Téléphone-moi en arrivant, ça me rassurera."
Capuche Rouge, docile, promit. Elle enfila son beau pull rouge par-dessus son jean, mit la soupe et le vin dans sa besace et sortit. Elle emprunta d’abord la grande avenue. Très vite son regard fut attiré par une jolie vitrine. Elle s’arrêta et rêva à tout ce qu’elle aimerait acheter. Elle s’arrêta à la suivante et à la suivante encore. Les recommandations de sa mère étaient loin. Il y avait tellement de belles choses dans ces magasins.
Bientôt, elle s’aperçut qu’il faisait plus sombre. La nuit approchait. Elle marcha plus vite car sa grand-mère habitait à l’autre bout de la ville. Plus elle marchait, plus le chemin lui semblait long. Il y avait de moins en moins de monde dans les rues. Ils fonçaient tous, tête baissée et ne faisaient pas attention à elle. Comme eux, elle accéléra. Elle était encore fort éloignée de chez sa grand-mère. Aussi l’idée lui vint de prendre un raccourci qu’elle connaissait un peu et qui traversait les quartiers les plus sombres de la vieille ville. « Maman me l’a interdit », se dit-elle. Puis, « mais elle n’en saura rien… » Ni une ni deux, elle tourna dans la première ruelle, allongea le pas, bifurqua encore sur sa gauche, puis sur sa droite. Ici, il faisait encore plus sombre. Soudain, là, devant elle, se dressa une haute silhouette, surgie d’elle ne savait où. Tout vêtu de noir, c’était un homme. Il lui souriait et ses yeux brillaient d’un éclat étrange. Elle trouva qu’il avait vraiment une sacrée classe !
- -" Hola poupée ! tu sais pas que c’est risqué de chémar par ici ? Y’a des keums qui te f’raient bien ta fête ! Heureusement que je suis là pour te protéger !
- - Je me suis un peu perdue. Je vais chez ma mère-grand qui est malade lui porter un pot de soupe et cette bouteille de vin, balbutia Capuche Rouge qui se rappelait soudain les recommandations de sa mère.
- - T’es dans une impasse minette ; j’te remets sur ta route si tu veux.
- - C’est que ma mère m’a bien dit de ne suivre personne…
- - T’inkiet, ta reum, elle comprend que couic, moi je vais t’expliquer le chemin. Elle crèche où ta vieille ? Et comment elle s’appelle ?"
Il la dévorait des yeux. Notre Capuche Rouge était, comme je vous l’ai déjà dit, roulée comme une star de cinéma. Il se disait qu’il en ferait bien son quatre heure mais il faisait froid… on pouvait le surprendre… l’idée avait germé… un petit nid d’amour chez l’ancêtre…
Capuche Rouge avait hâte d’arriver maintenant. Heureusement que le hasard avait mis sur sa route cet homme serviable. Et comme elle se croyait futée, elle lui donna l’adresse de sa grand-mère.
Il lui expliqua donc la route à suivre, c’était compliqué, il fallait tourner à droite, puis à gauche, au bout de cinq cents mètres, elle tomberait sur des escaliers, elle devrait les descendre puis prendre la ruelle droit devant elle, enfin, elle tournerait à gauche une dernière fois. Après, c’était tout droit.
Elle le remercia et reprit sa route. Lui disparut plus rapidement qu’il ne faut pour le dire du côté opposé. Capuche Rouge pressa le pas. Plus le temps passait, plus elle était soucieuse. Sa mère allait s’inquiéter. Elle aurait déjà du lui téléphoner... Les rues étaient désertes à cette heure. Il faisait froid maintenant. Elle frissonnait. Enfin, elle arriva devant chez sa grand-mère. Elle sonna. L’interphone grésilla.
- - Qui c’est ? dit une drôle de voix
- - Moi, Capuche Rouge
- - Je t’ouvre, referme bien la porte derrière toi.
Elle grimpa les escaliers quatre à quatre, fut surprise de trouver la porte entrouverte.
- -Tu es où, mère-grand ? dit-elle en pénétrant dans l’appartement.
- - Dans ma chambre, je ne me sens pas très bien. Viens me rejoindre.
- - J’arrive grand-mère, je t’apporte un pot de soupe et une bouteille de vin que maman a préparé pour toi.
- - C’est gentil ça, ma fillette. Pose-les dans la cuisine puis viens te coucher près de moi dans le lit, j’ai froid, tu me réchaufferas.
Capuche Rouge obéit mais quelque chose la tracassait. La voix… oui. Mais autre chose encore… La chambre était plongée dans la pénombre.
- N'allume pas la lumière, petite, j'ai bien mal aux yeux. Viens me rejoindre, là, sur mon lit...
- - Que tu es poilue grand-mère ! dit-elle en lui caressant les joues.
- - C’est l’âge, mon enfant.
- - Que tu as de longues jambes grand-mère ! dit-elle en s’allongeant contre elle.
- - C’est pour encore courir, mon enfant.
- - Que tu as des bras robustes grand-mère ! dit-elle en posant sa tête contre son épaule.
- - C’est pour mieux te serrer mon enfant.
Et elle serra Capuche Rouge dans ses bras robustes.
- - Tu me fais mal grand-mère. Que tu as une drôle de voix !
- - C’est le rhûme mon enfant.
- - Peut-être mais que tu as aussi de grandes dents !
- - C’est pour mieux te croquer mon enfant !
Et le type, car vous l’avez compris, c’était ce type rencontré plus tôt dans la ville qui l’avait précédée et avait revêtu un peignoir de la vieille femme pour ne pas être reconnu, se jeta sur elle et …
Elle hurla si fort que des voisins arrivèrent en courant, se précipitèrent sur l’individu, arrachèrent la fillette à son étreinte. Celui-ci bondit, courut vers la porte et s’enfuit. On ne le revit plus dans le quartier.
Et la grand-mère ? vous allez me dire. Où elle était la mère-grand ? Et bien, la bonne vieille, entendant tout ce raffut se mit à taper de toutes ses pauvres forces contre la porte du placard pour qu’on vienne la délivrer. L’infâme n’avait eu que le temps de l’y enfermer, pensant lui faire sa fête plus tard, quand il aurait savouré l’enfant. Capuche Rouge ouvrit le placard et se jeta dans les bras de la vieille en sanglotant.
- Vois-tu, mon enfant, dit alors celle-ci, il y a des hommes charmants qui dévorent les enfants et d’autres patibulaires qui les protègent. Et vice versa. Et comme on ne sait jamais à qui on a affaire, les fillettes doivent se garder des uns et des autres.