A l'invitation de Catiechris, voici ma participation au défi n° 51.
Les femmes viennent de Vénus, les hommes viennent de Mars.
Ecrire une lettre d'amour en passant par cinq étapes: la colère, la tristesse, l'inquiétude, les regrets, l'amour.
Petite précision indispensable: cette lettre n'est adressée à personne. Pure fiction pour les besoins du défi.
Allô Mars ? Ici Vénus !
Tu m'entends ?
Oui?
Et bien, une fois n'est coutume !
Je t'écris puisqu'il n'y a pas moyen de parler ensemble. Tu n'écoutes rien. Tu n'as jamais le temps. Et quand par hasard, tu écoutes, tu ne comprends rien de rien ! Ce n'est pourtant pas compliqué tout de même! Que l'on habite Mars ou Vénus, le langage est le même lorsqu'il vient du coeur !
Hier soir, par exemple, avant cette chevauchée inter-galactique à laquelle nous étions conviés, je t'ai demandé ce que tu pensais de ma combinaison de lune... Tu n'avais même pas remarqué que c'était une nouvelle combinaison ! Ce " très bien " marmonné d'un air distrait, en levant à peine les yeux de ton écran de contrôle, ça veut dire quoi, hein ? Rien, voilà, ça ne veut rien dire. Tu m'as à peine regardée. Cette combinaison est très bien; moi je suis moche, mon troisième oeil se referme, j'ai des rides autour des antennes. Je vieillis. Voilà la vérité !
Tu n'as d'yeux que pour les jeunes amazones de chez moi qui pratiquent le freestyle sur la voie lactée...Et quand je t'en ai fait la remarque, tu te rappelles ce que tu as dit ? " Tu ne vas pas commencer à faire une histoire !"
Il y a quelques années, tu m'aurais prise dans tes bras, tu aurais cliqueté, tu aurais clignoté et j'aurais su que tu n'aimais que moi. Tes bip... bip... bzzzzzzzzz m'auraient consolée, j'en aurais rosi de bonheur. Mais hier soir, rien de tout cela...
C'est comme quand tu reviens d'une mission sur une autre planète. Tu arrives, tu poses tes affaires n'importe où dès l'entrée. Tu te prends pour le Petit Poucet ou quoi ? Tu as peur de ne pas retrouver le chemin de la sortie ? Ce n'est pourtant pas difficile de ranger chaque chose à sa place ! Comme un Vénusien ! Tes lasers traînent de tous côtés, ta combinaison de vol s'étale sur le sol...
C'est à peine si tu effleures mes antennes d'un chaste baiser avant d'allumer ta console interstellaire.
Ah, ça ! Les nouvelles du monde tu t'en préoccupes ! Mais les nouvelles de notre monde à nous, alors là, ça ne te concerne pas. Notre fils n'est pas capable de diriger correctement son vaisseau. Maître Astrokwik est furieux. Je ne sais que lui dire. Il faut que tu lui parles. Quant à notre charmante fille, elle est plus préoccupée par le tombé de sa combinaison et le frisottis de ses antennes que par l'apprentissage du calcul de trajectoire. Je te le dis, tout ça va mal finir, un jour elle se perdra et tournera inlassablement aux confins de notre univers. Tu dois faire quelque chose. Hier encore ma mère me disait: " Tu as épousé un étranger et voilà ce qui arrive ! Nous t'avions bien prévenue, les Martiens ne pensent qu'à la conquête du monde... "
Alors, je te préviens, il va falloir que tu daignes toucher terre, si j'ose dire... Je ne vais pas supporter ça longtemps.
Rappelle-toi la promesse que nous nous étions faite: jamais nous ne ferions comme les Terriens qui, ne connaissant pas l'amour éternel, se séparent pour un oui ou un non.
Où est le temps des vertigineux vols autour de Vénus, des acrobaties spatiales, des incursions vers Mars ? Redeviens celui que tu étais, le Martien qui m'a séduite en cliquetant de rire plus fort qu'aucun Vénusien ne l'avait jamais fait.
As-tu rencontré une femelle d'une autre planète au cours d'une mission pour faire si peu attention à moi ? Peut-être que je ne te plais plus... Souhaites-tu rompre notre engagement ? Mars te manque peut-être ? Nous pourrions y passer les vacances d'équinoxe si tu le souhaites.
Si tu savais, mon étranger chéri comme j'ai besoin de ta présence, de tes grésillements, de tes étincelles... Il me semble que si tu n'étais plus là, je serais comme amputée , j'en mourrais de chagrin. Je t'aime comme au premier jour. Avec le même émerveillement. Je t'observe parfois à la dérobé, une vague de tendresse me submerge alors et je chavire. Mon beau Martien... Je ne veux que te plaire et t'aimer. Intensément. Cette combinaison de lune, celle d'hier soir, c'était dans ce but que je l'avais achetée. Pour que tu me trouves belle, toi que je trouve beau. Alors, mon amour, s'il te plaît, prends-moi les antennes et faisons ce bout de chemin, entre Mars et Vénus. Il est ardu, je le sais, mais faisons-le ensemble, il nous sera plus doux. Je t'aime.
Ta Vénusienne.
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